16 nov. au 01 déc. 2023

Festival
grande marée

CONTES ET RÉCITS

NAJOUA
DARWICHE
Ma grand-mère libanaise était conteuse. Elle racontait pour se souvenir de son ancien village. Mon père est conteur. Il a commencé à raconter pour calmer la douleur de l’exil et garder vivant le lien avec sa mère. J’ai commencé à raconter en 2014 pour remplir le vide au fond de mon ventre. Je me suis accrochée aux contes comme on s’accroche aux branches des arbres, pour ne pas tomber. Raconter m’a sauvée.
Je ne suis pas devenue conteuse par tradition mais par nécessité de me relier au monde, pour le comprendre, le supporter, l’accepter et tenter de le transformer. Raconter, c’est ma façon de défendre une vision
de la société où la temporalité, la voix, le rêve sont des éléments indispensables. Où dire et écouter sont la base d’une société saine.

Le répertoire classique me passionne car il est un miroir de l’humanité. Il raconte notre rapport au monde, à la nature, notre rapport à l’autre, au temps et à notre époque…
Il questionne notre vision du monde et de la société. Ce qui m’intéresse dans la position du conteur ou de la conteuse de tradition c’est la recherche de la simplicité : trouver l’intention la plus juste pour transmettre l’histoire à travers un travail méticuleux d’observation. Générer un monde d’images, de sensations, d’émotions. A travers cette démarche et une adresse directe au public, on rompt les frontières sociales. Lettrés et non lettrés peuvent se retrouver côte à côte.

DÉBAT - COLLECTE DE PAROLES

Rerncontre
Une rencontre autour du spectacle « Je suis Shéhérazade, Manuel pour un monde en crise » (en cours de création) pour questionner la place de la violence et de l’imaginaire dans notre société et les figures héroïques qui nous mettent en marche. À quoi ressemble ta société idéale ? Qu’est-ce que la violence pour toi ? Quel.le est ton héros ou ton héroïne préféré.e et pourquoi ? Un moment convivial pour échanger sur nos visions du monde et de la société.

De quoi parle le spectacle en cours : « Je suis Shéhérazade, manuel de survie pour un monde en crise » ?

Le 04 août 2020, l’explosion de 2750 tonnes de nitrate d’ammonium sur le port de Beyrouth est venue frapper une nouvelle fois l’espoir d’un renouveau dans un pays à bout de souffle. Au Liban, les dernières générations n’ont connu que la guerre, les conflits politiques et sociaux et depuis plusieurs années le pays s’est enfoncé dans une crise politique et économique sans précédent. Partout ailleurs, le monde fait face à une crise sanitaire, sociale, écologique et les conflits armés continuent à fleurir un peu partout…
Face à un monde à bout de souffle, comment continuer à garder espoir en l’avenir ?

 

Á  l’instar de «je suis Charlie» ou «je suis Mahsa»; «je suis Shéhérazade» est une revendication.
«je suis» pour exprimer un sentiment d’appartenance; «je suis» par solidarité avec une cause;
«je suis», du verbe suivre, pour signifier une voie à emprunter.
«Je suis Shéhérazade» est une manière d’être au monde en se reconnaissant à travers une figure qui a résisté à l’oppression grâce aux contes, à la poésie et l’imaginaire.